Pilar vous souhaite une bonne année 2024
L’on pourrait retenir des couleurs une forme de paradoxe : alors qu’elles font partie des choses humaines les plus communes et partagées, elles s’avèrent plus complexes à décrire. Leurs impacts sur la vie quotidienne, de la créativité aux codes et classifications qu’elles contribuent à réaliser, restent un terrain d’investigation entier pour des domaines aussi nombreux que la sociologie, la thérapie, l’art, l’archéologie, le code de la route ou les célébrations votives.
Laissons un instant ce discours trop savant pour revenir à l’universalité et à la capacité d’émotions incroyables des couleurs : l’univers noir et blanc du film franco-iranien Persepolis dit autant que le traitement de la révolution de 1979. Le rouge du manteau de la petite fille dans La liste de Schindler crée un moment inoubliable d’intense bouleversement. La pluie pourpre et langoureuse d’un Prince sophistiqué déjà au sommet de son art pourrait faire un pertinent écho de liberté et de force avec les œuvres La couleur pourpre ou même Des beignets de tomates vertes. D’aucuns se rendent visibles et puissamment vivants par le jaune de leur gilet ou de leur maillot cycliste, ou par le bleu Matisse de leur turban Touareg.
Faisons du champ lexical des couleurs une réflexion culturelle et pourquoi pas politique. Retenons comme seul terme celui de nuancier qui montre qu’à partir de quelques éléments seulement, une infinité de déclinaisons existent et qu’il serait bien malheureux et illusoire de l’ignorer. Du rose translucide au brun le plus velouté, même les noirs et blancs connaissent un vocabulaire riche et adapté à notre vision des paysages et des personnes. Ne l’oublions pas et faisons-en une carte de visite sur le cœur.
L’opulence et les grandes fêtes font toutes appel aux couleurs, d’un Carnaval à l’autre, tonitruant de feux d’artifice multicolores.
Pour accompagner nos vœux, l’évocation de la fête du Holi en Inde, aussi appelée Festival des couleurs nous a paru idéale. Célébrant l’arrivée du printemps, très joyeuse et collective, tout un chacun jette dans la rue de la poudre de couleur et de l’eau, rituellement, dans le cycle immuable des mois et des saisons.
L’historien Michel Pastoureau, grand chercheur et auteur dans ce domaine, aura pour nous le mot parfait :
"Nous vivons dans un monde de plus en plus coloré mais où la couleur reste un lieu de mémoire, une source de plaisirs et plus encore une invitation au rêve".
Que 2024, olympique ou non, nous permette à toutes et tous de hisser haut les couleurs !
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